Pêle-mêle
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Féminisme : Mes incohérences
Le 8 mars arrive à grands pas. Les librairies achalandent leurs vitrines avec des ouvrages séduisants, aux couvertures attrayantes. Les titres sont forts, percutants. Tout comme le titre de la scène ouverte d’expression qu’Eniah et moi présenterons au Cabanes Urbaines dans le cadre du Festival des Elles à La Rochelle : La révolution sera féministe.Au téléphone, je lui dis : je n’aime pas. Le féminisme n’est pas pour moi une révolution. Un titre accrocheur et qui claque pour rameuter du public doit aussi réfléchir au sens qu’il véhicule. Pour ma part, je ne veux pas d’une révolution féministe. Un effet de mode Je passe devant les vitrines des librairies avec…
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La rencontre sous d’autres formes
Il existe de nombreuses manières d’être dans la rencontre de l’autre. La prédominance de la raison dans notre société occidentale accorde beaucoup de crédit à un scénario de rencontre classique qui passe par le langage, souvent une discussion relativement organisée sous forme de questions et de réponses autour de sujets qui concernent (ou semblent concerner) à peu près tout le monde : « C’est quoi ton travail ? », « Tu as des enfants ? », « Tu habites où ? ». Or, ces conversations très orientées finissent pas nous faire réciter les mêmes histoires, tant on doit régulièrement brosser le tableau de notre carrière ou de notre situation familiale en public. De plus, on n’a…
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La philosophie : pourquoi on s’en fout ?
En rentrant de ma petite excursion à Bordeaux, je perçois sur France culture, quelques bribes d’une conversation entre un enseignant de philosophie et le journaliste, avant le silence radio de ma voiture trop loin des ondes. Il est question du manque d’intérêt de la majorité des personnes par rapport au domaine de la philosophie que l’enseignant considère comme un phénomène sociétal regrettable. J’ai eu très envie de poursuivre mes recherches sur le sujet. J’ai également proposé à mon oncle Sylvain, docteur et enseignant en philosophie de nous faire part de son avis sur la question suivante : la philosophie, est-ce que cela n’intéresse réellement pas grand monde, et pourquoi ?…
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Un poème qui commence par … #1 « Je serai là »
Ce matin, à sept heures et demie, je descends de ma chambre d’hôtel. Je pose sur mon plateau un chocolat machine et j‘ouvre mon cahier. J’ai relevé un défi, celui de commencer mon poème par une phrase donnée par Kriss. *** Je serai là. En entier.J’irai à la rencontre de personnes escarpées. J’enverrai des dauphins du bout de mon pinceau,J’écrirai des batailles pour qu’elles deviennent histoire, toutes lettres en minuscules. On les retiendra fort pour ne pas les revivre. On imaginera plusieurs étoiles polairesPour teinter le réel des plus vrais des murmures, de ce qui, de notre esprit,livrera l’indicible.Nos visages, nos rêves, nos révoltes et nos images fictives. On dit…
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Notes d’excursion : quatre jours de listes et de poèmes
1 Aujourd’hui, je démarre une petite excursion dans le coin de Bordeaux jusqu’à dimanche.J’ai un entretien à 14h.Je ne suis jamais partie très loin, ni très longtemps. Partir seule, quatre jours à Bordeaux, c’est pour moi, mine de rien, une petite aventure.J’ai marché au delà de mes frontières avec mes Santiags. Grâce à mon amoureux, mon cerveau à appris à chanter des chansons plutôt qu’à rencontrer des pensées qui s’agrippent. Le soir, dans mon lit, je disais J’ai la trouille. J’ai la trouille. Et je sentais que ça figeait mon corps comme les statues dans les musées.Je ne sais pas si les statues ont la trouille, mais je leur conseillerai…
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Dormir chez l’habitant #2 Le matin
Après une insomnie persistante, je m’extirpe difficilement des draps en pagaille. Difficile d’accepter au réveil tous ces objets, éventails, vases, pandas en céramique, verres à pieds, buffets en bois qui ne m’évoquent que l’inconnu. Tout ce qui m’est familier sont mes propres affaires et tiennent dans une valise. Je me demande qui a pu dormir par le passé dans cette chambre. Rien de concret ne me vient. Je pose des questions ouvertes sans imaginer de réponse. Quel travail a bien pu faire la vielle dame qui m’accueille ? Lorsque je lui ai brièvement parlé de mon entretien la veille, elle m’a répondu : quand on trouve un travail qui nous…
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Dormir chez l’habitant #1 Le soir
Le portillon de la villa Violette s’ouvre sur un jardin saturé de plantes en pots et de jardinières. Je me fraye un chemin derrière mon hôtesse qui me conduit jusqu’en haut d’un long escalier en colimasson. Les pas de mes bottes martèlent les marches en bois. « Après vous ». Je pose ma valise sur le lit. Elle me quitte après m’avoir présenté l’étage privatif et donné rendez-vous pour le petit déjeuner à huit heures le lendemain matin. Je souris en réponse à son anecdote à propos de ses confitures qui doivent être délicieuses, étant donné que des petits malins s’amusent parfois à les chiper dans le buffet pendant qu’elle a le…
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Chacun fait fait fait c’qui lui plait plait plait
L’individualisme ambiant. C’est cette manière que nous avons tous parfois de nous centrer sur nous-même et sur tout ce qui nous entoure petitement. Notre famille, nos amis, nos loisirs, notre travail. Faute de pouvoir agir à grande échelle, de nous sentir écouté.e.s par un pouvoir du haut, nous trouvons une réponse à notre besoin de contrôle autour de nous, une impression d’action dans un champ restreint où nos agissements se passent sans conscience de notre responsabilité et dénués de valeurs fortes. Pouvons-nous retrouver à notre échelle un sentiment de sens et l’impression de contribuer à plus grand que soi ? La manière de se percevoir J’avais sincèrement l’impression d’être une…
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Les gens touchants qui viennent chanter dans les karaokés
C’est le soir. Toujours. Comme eux, j’imagine, je m’apprête pour sortir. Ce qu’il faut d’élégant. Ce qu’il faut d’amusant. Et surtout des paillettes. S’habiller pour la fête, c’est en faire un peut trop. C’est long au début. A chaque fois. Difficile de commencer. Devant le projecteur, j’annonce que les participants peuvent remplir des coupons pour m’indiquer ce qu’ils voudraient chanter. Il est vingt-et-une heure. Les femmes et les hommes plaisantent et passent leur commande. Je salue poliment, pour qu’ils se sentent à l’aise, rejoins les conversations brèves qu’on veut bien partager. Il y en a qui feignent la réserve et qui y croient vraiment, en disant je n’ose pas. Cela…
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Florilège artistique #1 Que faire de nos souvenirs ?
C’est au rythme cyclique des vagues que reviennent les souvenirs dans cette chanson de Meimuna « Au temps des coquillages ». Cette chanson qui instaure un dialogue entre un temps présent qui semble inconfortable et le souvenir de moments passés nous ramène du fond de l’eau la mélancolie et la nostalgie qui surviennent fréquemment des abysses des temps révolus. Je vous parle souvenir de ce que j’en connais. Moi aussi, agitant mon épuisette et en repensant à mes vielles collections de coquillages, et à ma sœur sur la plage, je fais remonter à la surface des petits morceaux de passé, jamais en entier, que je ne peux, malgré tous mes efforts, saisir…