Journal de Louve #18 Le brouillard sous mes doigts
Décembre a l’humeur de la neige qui se pose et le goût de glace à la violette dans une nouvelle maison. Au bout de combien de temps celle-ci deviendra-t-elle habitude ?
J’apprends sur moi à vivre, quand c’est désagréable, et mon corps en ce moment brouille les ondes radio. Je cherche les repères dans les murs impeccables à la peinture vernie que je n’ai pas choisie.
Je fouille sur ma peau les fissures, les envies. Rien n’émerge.
Le brouillard sous mes doigts a enveloppé mes os et cette maison inconnue qui m’habite plus que l’inverse. J’avance pas trop loin.
Comment me découvrir, allant en tâtonnant aussi à découvert ?
Je le sens sans le voir, ça me frappe à la porte.
Tu me manques et c’est bien.
J’ai toujours eu besoin d’un tu au centre de ma vie. Désormais j’ai la place pour m’y mettre moi-même, avec plein d’autres choses.
C’est un horizon bien plus grand que je n’ai jamais vu.
Quand je l’ai aperçu, j’y ai mis des barrières.
Je sais bien qu’à mon rythme, je peux aller plus loin.
La brume opaque du climat perturbé me saisit à la gorge. Aujourd’hui c’est un lit bordé, la glace à la violette, et j’ai parfois trop peur que ça ne veuille rien dire.
Précisément, ça ne veut rien dire.
Les journées s’installent et mes envies aussi, il faut parfois la patience d’un hiver tout entier pour voir se dissiper le brouillard.
La patience sous les doigts, je ne l’ai pas, il me faudra trouver.
Je sais bien qu’en dessous des regards, un monde se prépare, et quand il sera prêt, je n’aurai alors plus qu’à récolter les braises, souffler dessus pour les faire vivre, et assister à ce qu’il contiendra.