Journal de Louve,  Les chroniques

Journal de Louve #17 Les flammes transgressives

J’ai fait le chemin pour me rétablir, pour me réparer.

J’ai voulu convention et expérimenté raison, sobriété. Je me suis appliquée.
J’ai compris que celles-ci peuvent être choisies parfois, et que l’on conserve aussi sa singularité.

Je n’ai plus peur d’être au milieu d’une foule et d’y danser toute seule. Si mon vide me mord, revient parfois avec élan, tu sais me rappeler que tu me vois.

Je peux me choisir et je peux me donner.

Les mains sous ton manteau, je t’embras(s)e une dernière fois et tu traverses la terrasse. La nuit ensevelit les histoires qui ne m’appartiennent pas.

J’avais fait le chemin pour me construire et m’ordonner.

Maintenant la soirée n’existe que pour moi. Quelque chose me possède, quelque chose déjà présent. Je ne sais plus où je l’avais rangé. Il émerge et jaillit.

Par à-coups et depuis mes boyaux ça casse ma voix quand elle éclate, ça tend mon corps en fougue. Je joue avec mes cheveux et les braises de mon ventre, je m’invente des pensées qui n’ont aucune forme et que je ne peux pas dire. Je nomme ce que je pressens là, que je n’avais encore jamais appelé.

Le chaos me revient, pas celui des souvenir, un désordre serein qui sait qu’il peut porter à lui seul mes rêves et mes ambitions. Qui sait m’appartenir.

Celui qui se laisse être, qui a été là et qui a attendu patiemment son tour.
Son tour est maintenant. Je ne suis plus qu’avec moi. Et je sens brûler vivement partout où le réel s’étend des flammes transgressives.

Je veux plus loin que sagesse. Avec débordement et tendresse.

Je nourris mes excès, ceux qui me charment avant de m’assaillir.

Je vis comme une affamée, parfois comme un oiseau. Je dévale saisons sur les collines, impatiente et aspirante de jours éblouissants. Je profite de la vue par instants, rien n’est urgent tout est (en)vie.

Je sais que tu me porteras après les avalanches, et devant les risques tu ne me retiendras pas.

Je m’emmène avec moi, je le sais davantage. Je me fais mouvements et je me mue en cris pour mieux m’en rappeler.

Je fais le chemin pour courir et pour me transformer.

Photographie de Sofia Alejandra

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