Les chroniques,  Rituels littéraires

Corpus #6 : Célébrer l’aventure avec Françoise Hardy

La vie, quelle aventure ! C’est un véritable voyage que de se lever chaque jour avec l’envie d’élans et d’expérimentations.

Je place le diamant sur le disque de Françoise Hardy que j’ai choisi comme album phare de mon été.
« Le premier bonheur du jour, c’est un rayon de soleil. Le premier chagrin du jour, c’est la porte qui se ferme
. »

Cet album parcours comme un bateau de croisière nos joies et nos peines. C’est un voyage tranquille, un goût de vacances qu’on en ait ou pas !

Voici notre itinéraire de voyage :

Un jour

Le premier bonheur du jour, c’est Un jour, de David Nicholls. C’est précisément à la fois la plage qui attend et la voiture qui s’en va.

Ce roman est associé pour moi à une anecdote que certain.e.s trouveront au choix amusante ou signifiante : par deux fois, en le commençant, j’ai vécu la fin d’une relation amoureuse.
Bien décidée à mettre un terme à cette malédiction, après ma deuxième rupture, je me procure un nouvel exemplaire du livre, et je le dévore … ou il me dévore. Je m’y consacre sans répit et absorbée par le récit, jusqu’à la fin.

Je suis toujours ébranlée par les rendez-vous manqués. Ceux-ci procurent à l’intérieur de mon corps comme un écho révélant un immense vide. Une profondeur vertigineuse qui existerait en moi et que je veux souvent oublier de regarder. Je vois un téléphone qui sonne au milieu d’un silence pesant de solitude.

Des attentes qui semblent interminables, le poids du destin. Trouver quoi faire du drame quand on a les mains vides. Apprendre à goûter le bonheur, et à se dire adieu. Se trouver, se perdre, se retrouver, sans cesse. C’est aussi ça le goût des vacances : l’amour ne dure pas toujours mais l’empreinte d’Un jour peut nous marquer toute la vie.

Carnet intime

Un voyage en Chine, griffonné avec talent et poésie par Audrey Marcaggi sur des pages, tickets, serviettes … Témoins d’une année dans un monde qui ne nous appartient pas. Qui semble nous parler mais que l’on ne saisit pas tout de suite. Qu’on apprend peu à peu, regard après regard, à apprivoiser. On tombe en affection.

Saurai-je un jour te comprendre et saurai-je aussi t’aimer ?
Deviendrai-je alors pour toi, ton plus beau souvenir ?

Saurai-je, Françoise Hardy

Le carnet de voyage est aussi une célébration de l’aventure. Une manière de conserver et d’embellir, de transformer en trésors des bribes de vivant qui s’éteindront plus tard, de saisir le fugace à la peinture ou au crayon. Mais aussi une manière de vivre plus fort, de regarder vraiment, d’exister en fouillant la profondeur des choses. Incarner l’expérience en matières, en couleurs et en mots. Pénétrer pleinement dans l’ici et maintenant, que Walter Benjamin considère comme étant le caractère essentiel d’une œuvre d’art, dans son ouvrage L’oeuvre d’art à l’époque de la reproductibilité technique.

J’ai nom sans bruit

La femme murmure qui raconte l’aventure de soi.
Entre confidences, blessures et réactualisation du présent lors de l’émergence des souvenirs, cette œuvre pleine et entière nous embarque avec elle sous la vague.

L’écriture saisit, elle en parle aussi. Pourtant le silence est roi, l’existence est à la fois une absence et un appel, à l’aide, à fuir et à exister.

Des bruissements d’une force brute, des éclats étranglés et une sauvage invitation à pousser la vie là où on la veut.
L’aventure, la grande, mais à partir de rien. Un message personnel où l’on trouve l’espoir parmi les démons.

Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Anecdote souvenir : Ce livre fut l’objet du premier article publié sur ce site internet en 2018.

S’il y a un livre où les souvenirs sont embellis, revêtus d’idéal et prennent l’éclat mirage des temps perdus à jamais, c’est bien celui-ci.

On retrouve le thème de la rencontre qui vient et qui va, et du temps qui nous dépossède malgré nous de ce à quoi l’on tient.

C’est le temps de l’amour, des copains et de l’aventure. C’est Stella et la sueur qui brille au soleil, le rapport à l’écriture et ce qui s’use en nous.
C’est la mythologie d’une époque avec ses codes et ses plaisirs, ce que faisaient tous les garçons et les filles de mon âge, ou du moins ce qu’on s’en raconte.

Soleil, je t’aime
Et pour toujours
Tu es fidèle
Mais l’amour
N’est pas souvent comme toi
Pourquoi

Soleil, Françoise Hardy

Mon aventure

L’aventure pour moi, cet été, a été une visite pied à terre de la houle de mes sentiments, une projection dans des relations qui tanguent.

L’intensité d’un voyage aux jours comptés, sentir la tension tirer sur ma peau, fatiguée par le sel. L’écume bouillonnante des questions, des limites.
Les doutes entre l’amour et l’amitié et aussi les adieux. Ceux qui brûlent le ventre, qui crient ne me laisse pas, la solitude c’est ce qui m’effraie le plus, et si tu n’es plus là, sur qui je vais compter ?

C’est un été où j’ai appris à aimer sans donner mes entrailles. A accepter dans ma bouche le goût amer d’une rupture d’amitié, à trouver des repères, construire mes cartes et mes boussoles, les garder avec moi.

Dans l’ombre de mes pupilles, je regarde méfiante le monde qui m’entoure révéler ses créatures sauvages. Je suis devenue farouche, puis je suis devenue forte.

Je termine avec vous en vous délivrant ce message tranquille de Mathieu Saïkaly et Pauline de Tarragon qui célèbre agréablement l’intimité, qui est ma plus belle aventure, et qui a pour moi l’allure de draps bleus dans lesquels je me baigne en très bonne compagnie, on dirait l’océan.

Et vous, quelles sont vos aventures de vacances ? Racontez moi

Dans l’ombre de mes pupilles, Mathieu Saïkaly & Pauline De Tarragon

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