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Féminisme : Mes incohérences
Le 8 mars arrive à grands pas. Les librairies achalandent leurs vitrines avec des ouvrages séduisants, aux couvertures attrayantes. Les titres sont forts, percutants. Tout comme le titre de la scène ouverte d’expression qu’Eniah et moi présenterons au Cabanes Urbaines dans le cadre du Festival des Elles à La Rochelle : La révolution sera féministe.Au téléphone, je lui dis : je n’aime pas. Le féminisme n’est pas pour moi une révolution. Un titre accrocheur et qui claque pour rameuter du public doit aussi réfléchir au sens qu’il véhicule. Pour ma part, je ne veux pas d’une révolution féministe. Un effet de mode Je passe devant les vitrines des librairies avec…
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La rencontre sous d’autres formes
Il existe de nombreuses manières d’être dans la rencontre de l’autre. La prédominance de la raison dans notre société occidentale accorde beaucoup de crédit à un scénario de rencontre classique qui passe par le langage, souvent une discussion relativement organisée sous forme de questions et de réponses autour de sujets qui concernent (ou semblent concerner) à peu près tout le monde : « C’est quoi ton travail ? », « Tu as des enfants ? », « Tu habites où ? ». Or, ces conversations très orientées finissent pas nous faire réciter les mêmes histoires, tant on doit régulièrement brosser le tableau de notre carrière ou de notre situation familiale en public. De plus, on n’a…
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Un poème qui commence par … « Je serai là »
Ce matin, à sept heures et demie, je descends de ma chambre d’hôtel. Je pose sur mon plateau un chocolat machine et j‘ouvre mon cahier. J’ai relevé un défi, celui de commencer mon poème par une phrase donnée par Kriss. *** Je serai là. En entier.J’irai à la rencontre de personnes escarpées. J’enverrai des dauphins du bout de mon pinceau,J’écrirai des batailles pour qu’elles deviennent histoire, toutes lettres en minuscules. On les retiendra fort pour ne pas les revivre. On imaginera plusieurs étoiles polairesPour teinter le réel des plus vrais des murmures, de ce qui, de notre esprit,livrera l’indicible.Nos visages, nos rêves, nos révoltes et nos images fictives. On dit…
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Notes d’excursion : quatre jours de listes et de poèmes
1 Aujourd’hui, je démarre une petite excursion dans le coin de Bordeaux jusqu’à dimanche.J’ai un entretien à 14h.Je ne suis jamais partie très loin, ni très longtemps. Partir seule, quatre jours à Bordeaux, c’est pour moi, mine de rien, une petite aventure.J’ai marché au delà de mes frontières avec mes Santiags. Grâce à mon amoureux, mon cerveau à appris à chanter des chansons plutôt qu’à rencontrer des pensées qui s’agrippent. Le soir, dans mon lit, je disais J’ai la trouille. J’ai la trouille. Et je sentais que ça figeait mon corps comme les statues dans les musées.Je ne sais pas si les statues ont la trouille, mais je leur conseillerai…
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Des histoires de vrai – Dormir chez l’habitant, Face B : Le matin
Après une insomnie persistante, je m’extirpe difficilement des draps en pagaille. Difficile d’accepter au réveil tous ces objets, éventails, vases, pandas en céramique, verres à pieds, buffets en bois qui ne m’évoquent que l’inconnu. Tout ce qui m’est familier sont mes propres affaires et tiennent dans une valise. Je me demande qui a pu dormir par le passé dans cette chambre. Rien de concret ne me vient. Je pose des questions ouvertes sans imaginer de réponse. Quel travail a bien pu faire la vielle dame qui m’accueille ? Lorsque je lui ai brièvement parlé de mon entretien la veille, elle m’a répondu : quand on trouve un travail qui nous…
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Mes trois albums jeunesse du moment !
Je me fais un grand plaisir et un certain amusement de vous présenter les trois albums que je me suis offerts récemment. La littérature accessible à la jeunesse peut nous procurer également de tendres émotions et de jolis moments. Quel personnalité dans ces trois livres ! Tendresse, confort et humour se sont glissés au fil de leurs pages. Je vous en parle … Chiens – Emilie Chazerand et Naomi Wilkinson Quel humour et quel coup de frais que de mettre le museau dans ce documentaire ! Ce livre à la couverture rigide et texturée rose recense quatre-vingt-cinq espèces de chiens. Contenant également une page Déclaration universelle des droits des animaux…
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Des histoires de vrai – Dormir chez l’habitant, Face A : Le soir
Le portillon de la villa Violette s’ouvre sur un jardin saturé de plantes en pots et de jardinières. Je me fraye un chemin derrière mon hôtesse qui me conduit jusqu’en haut d’un long escalier en colimasson. Les pas de mes bottes martèlent les marches en bois. « Après vous ». Je pose ma valise sur le lit. Elle me quitte après m’avoir présenté l’étage privatif et donné rendez-vous pour le petit déjeuner à huit heures le lendemain matin. Je souris en réponse à son anecdote à propos de ses confitures qui doivent être délicieuses, étant donné que des petits malins s’amusent parfois à les chiper dans le buffet pendant qu’elle a le…
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Des histoires de vrai – Les gens touchants qui viennent chanter dans les karaokés
C’est le soir. Toujours. Comme eux, j’imagine, je m’apprête pour sortir. Ce qu’il faut d’élégant. Ce qu’il faut d’amusant. Et surtout des paillettes. S’habiller pour la fête, c’est en faire un peut trop. C’est long au début. A chaque fois. Difficile de commencer. Devant le projecteur, j’annonce que les participants peuvent remplir des coupons pour m’indiquer ce qu’ils voudraient chanter. Il est vingt-et-une heure. Les femmes et les hommes plaisantent et passent leur commande. Je salue poliment, pour qu’ils se sentent à l’aise, rejoins les conversations brèves qu’on veut bien partager. Il y en a qui feignent la réserve et qui y croient vraiment, en disant je n’ose pas. Cela…
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Journal artistique de Louve #3 Les choses en ordre
Entre la fugitive et la paisible reine.J’ai des souvenirs diffus. Et j’ai le ventre en paix. Ranger c’est éphémère, presque une réparation qui soulage quelques temps. J’ai le jazz à l’envers, les kaléïdoscopes qui filent au fond des yeux. Tant à donner, à penser et à perdre. Je découvre un peu comment trouver la norme sans la lassitude. Je détache de mon corps les fragments de peurs mortes qui me collent aux paupières, à la bouche, et le long de mes jambes.Je n’ai plus l’envie sourde de retourner la terre, plutôt celle de de remercier les oiseaux qui chantent sur chacune de mes mains. Avant de s’envoler. Demain tous les…
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Corpus #4 Les livres qui font peur ! [littérature adulte et jeunesse]
Moi ce que j’aime, c’est les monstres – Emil Ferris Les créatures hybrides C’est la peau bleu, ce sont les dents. Une petite fille ou un monstre, on ne sait pas, qui vit dans un environnement lugubre et menaçant. Le visuel et le texte étroitement corrélés nous présentent le charme inconfortable de la difformité, le frisson des endroits louches, et l’émotion d’une aventure du quotidien. Tantôt sordide, tantôt hostile, mais aussi fortement poétique, ce livre est saisissant mais aussi à déconseiller en cas de sensibilité aux sujet d’agression et de violences sexuelles. Souliers rouges, petit pois, etc. – Gabriel Hernandez La peur de l’insaisissable Comme une pièce de théâtre qui…