Journal artistique de Louve #2 – La peur elle-même fait naître les monstres et l’infini
Comme chaque évènement ces derniers temps, fait alterner en moi les vagues tremblantes et les échos de peur, je m’enfouis dans les œuvres, dans les discours des autres pour trouver une âme sœur artistique à mes angoisses vivantes.
Toujours envie de célébrer et plus que de saisir le sens, d’y participer. Puisqu’il se révèle, parfois inattendu, dans des pratiques communes. En faisant seulement discrètement jaillir l’intérieur, vers l’extérieur, ou en faisant se toucher deux morceaux d’âme enfouis.
On écrit souvent pour se rassurer.
Verbaliser saisit. On modèle une forme. On révèle le latent, l’endormi, le quelque part un peu flou, trop caché dans un coin. On écrit pour soi même, pour rencontrer la peur, demander son prénom, son âge, parfois comment la tuer.
La peur n’apprécie pas. Voilà pourquoi elle se cachait. Dans le ventre bien enfoui, elle trouvait son refuge. Voilà que la nuit, dans les minutes immenses et les plus effrayantes, je lui crie de partir. La peur n’apprécie pas.
Il y aura quelque part un reflet des pensées carnivores : une tête de cerf sur un corps d’humain, des silences qui pèsent lourd et des fourmis noires au dos d’un livre rouge. Petits morceaux d’angoisse qui s’attacheront aux pages que toucheront mes doigts. Et le flot s’interrompt, car le mal est montré. Moi aussi j’ai peur tu sais.