Les chroniques
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Corpus #11 – A la recherche de l’amour vrai
Du bout du cœur il m’arrive de rêvasser à ces quelques mois d’été, d’automne et d’hiver qui m’ont conduite récemment à un amour sincère. Je ne sais si j’ai cherché l’amour vrai, jamais quoi qu’il en soit, avec acharnement. Je crois que j’en avais envie, je crois aussi que je m’appliquais depuis longtemps à prendre soin de mes relations. Cette fois, j’ai vraiment réussi, je continue à réussir, au jour le jour – cette réussite est la nôtre. Sans exhaustivité, ce serait irréaliste, je vous livre (avec jeu de mot) quelques rituels littéraires qui constituent les étapes de mon parcours dans l’expérience de l’amour vrai. Je vous disperse au fil…
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Chapitre #1 – Naissance
Cette fois encore, je n’avais pas cédé. Je n’y serais jamais allée toute seule. Et même avec une cinquantaine d’autres enfants m’entourant, j’étais seule sans Elwo. Je le serre contre moi. Je fais jouer entre mes doigts l’étiquette coton polyester. Je le relis presque à chaque fois que mes yeux tombent dessus. Je balade mes doigts sur son pelage pelé, souillé par la crasse, l’eau, la poussière et le temps. Je tâte machinalement le bord de la tête, l’arrière du cou, par endroits, il est devenu rugueux. L’armature froide de la chaise en métal me donne la chaire de poule. Mal assise, je tente de trouver une posture confortable. Les…
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Corpus #10 Rituels de solitude
Ces derniers mois, j’ai eu l’occasion de vivre pleinement l’expérience de la solitude.Rupture d’une relation amoureuse, moments passés chez moi, choix de me retrouver. J’ai profité de l’occasion pour plonger dans le silence, pour écouter à l’intérieur et à l’extérieur. J’ai constitué pour moi un petit jardin d’hiver, c’est mon refuge, l’endroit inventé où je vais pour être au monde, et un peu à l’écart. Bien qu’effrayante en partie au départ, cette expérience m’apprend et m’apaise. Voici quatre rituels littéraires de solitude pour vous y essayer. Rituel 1 – Créer des mondes imaginaires Les Vermeilles – Camille Jourdy Installez-vous à votre bureau et placez à disposition des pastels ou une…
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Corpus #9 Rituels de correspondance
Pourquoi s’écrire ce que l’on peut se dire ?Nous possédons un grand nombre d’outils faisant le choix du caractère instantané du langage : On se voit, on s’appelle, on enregistre sa voix pour l’envoyer par téléphone, ou l’on rédige rapidement un sms en marchant dans la rue … Le langage écrit, lui, se pose en prenant le temps, il peut devenir un rituel à part entière lorsque l’on plante le décor et qu’on le vit pleinement. L’odeur du papier, le léger mouvement de la plume qui gratte sur le blanc, suit le fil de nos pensées … Tout cela nous accompagne avec musique, bougies, le confort du fauteuil, une tasse…
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Journal de Louve #19 Les mots en retrait
Il me reste quelques souvenirs terreux, accrochés sous mes ongles quand j’ai gratté un peu. Ce que je vois à la surface m’apparaît simple et nu. Parfois je ne sais si l’on danse ou si l’on fait l’amour, peut être les deux.Je ne sais pas si je suis enfermée dans quelque chose d’assez grand pour croire que j’ai de la place. J’ai compris qu’il ne faut pas toujours de grosses blessures pour abîmer beaucoup, que prendre soin prend du temps. Je m’applique. Je revêts mes rêves sur moi pour y penser, je veux me donner l’occasion chaque jour d’aimer marcher vers mon accomplissement.Et de croire. Ma solitude est belle quand…
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Poème prière #8 Les murmures du tiroir
J’ai d’autres choses à faire que de me laisser absorber par de mauvais films. J’appelle une nouvelle esthétique. Etre seule m’apaise enfin après ces heures passées dans mon salon à tourner sur moi-même, comme pour me trouver, sans contexte ni lien avec quoi que ce soit. C’est dans le mouvement que je commence à me connaître. Imaginer marcher n’a rien à voir avec une vraie promenade jusqu’au café du coin de la rue. J’ai suivi le soleil et j’ai compté mes pas, pour m’amuser. L’air ne me semblait plus si froid. J’ai ouvert mon manteau pour laisser respirer ma poitrine. C’est vrai, je m’agite facilement quand je vois le vide…
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Journal de Louve #18 Le brouillard sous mes doigts
Décembre a l’humeur de la neige qui se pose et le goût de glace à la violette dans une nouvelle maison. Au bout de combien de temps celle-ci deviendra-t-elle habitude ? J’apprends sur moi à vivre, quand c’est désagréable, et mon corps en ce moment brouille les ondes radio. Je cherche les repères dans les murs impeccables à la peinture vernie que je n’ai pas choisie. Je fouille sur ma peau les fissures, les envies. Rien n’émerge. Le brouillard sous mes doigts a enveloppé mes os et cette maison inconnue qui m’habite plus que l’inverse. J’avance pas trop loin.Comment me découvrir, allant en tâtonnant aussi à découvert ? Je le…
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Journal de Louve #17 Les flammes transgressives
J’ai fait le chemin pour me rétablir, pour me réparer. J’ai voulu convention et expérimenté raison, sobriété. Je me suis appliquée.J’ai compris que celles-ci peuvent être choisies parfois, et que l’on conserve aussi sa singularité. Je n’ai plus peur d’être au milieu d’une foule et d’y danser toute seule. Si mon vide me mord, revient parfois avec élan, tu sais me rappeler que tu me vois. Je peux me choisir et je peux me donner. Les mains sous ton manteau, je t’embras(s)e une dernière fois et tu traverses la terrasse. La nuit ensevelit les histoires qui ne m’appartiennent pas. J’avais fait le chemin pour me construire et m’ordonner. Maintenant la…
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Journal de Louve #15 La trace de novembre
C’est notre café, notre histoire continue. La trace de novembre est encore pleine de la lumière du jour, entendre ton rire redoubler depuis le salon, et parcourir des pages de la pointe d’un crayon. Je rêve toutes les heures où j’écris que ce soit mon monde entier. Ce sont nos nuits et les idées reçues qui semblent s’envoler au rythme de nos pas. C’est la peur de fricoter avec trop de bonheur, et que ça me dépasse. C’est ton corps doux sur lequel je peindrais bien l’amour. J’aspire à poursuivre les heurts, les sanglots, à me prendre dans mes propres bras pour me consoler dans les besoins de panser, d’appliquer…
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Poème prière #6 Ecrire le flou
Avant, je remplissais mon ventre par habitude de macérats obscurs, des affres de douleur. Pour avoir une quête, j’ai joué mes pulsations sur le chemin d’un bonheur qui m’était inconnu. Comme je sais que rien ne résiste et quand je veux j’obtiens, le bonheur j’ai obtenu, un instant dans les mains.Je le caresse et le contemple, son duvet me déstabilise. Je manque de le renverser. J’ai le goût sur les lèvres de cette union si douce. Avec toi je sens l’espace à exister. Je peux aller partout, il n’y a plus de sentier.Je suis aventurière et je déploies mes bras à la cime des falaises. Mais le soir, mon corps…