Journal de Louve,  Les chroniques

Journal de Louve #12 La maison sur le fleuve

Je suis ma propre maison.

Une maison sur l’eau.

Je dévale. Le soleil en face m’inonde. Un chanteur à la radio entame les notes d’une chanson d’il y a quelques années. Une chanson qui a créé un souvenir très doux. Une chanson d’amour. Une main qui me tient et des notes qui palpitent. Je pense que nos corps et nos esprits sont faits pour jouer la même musique.

Aujourd’hui est doux comme le souvenir. Les secousses ne durent pas longtemps. C’est un éclat de rire en même tant qu’une larme quand il dit « je t’aimais, je t’aime et je t’aimerais ». Quelque chose qui déborde et le trouble devient comme un oiseau joyeux.

Je pense que c’est possible.

Je me tiens solide sur bien des choses, et tu sembles me soulever sur celles qui restent à m’effrayer. Tu me les montres aussi, pour que j’apprivoise et je vais apprendre.

Je suis sur la route, dans ma maison sur l’eau. J’écoute des plumes déposées, je vois les reflets de nos pensées qui jouent à s’entremêler. Je suis contente qu’elles jouent encore comme ça.

Je m’imagine être une fleur qui pousse en fredonnant, quand je marche dans la rue. Je m’imagine être un lionceau comme quand j’étais petite, quand je chahute et c’est ludique la vie comme ça, avec toutes les surprises.

Je suis rassurée, mes émotions sont toujours là.

J’ai un terrible cœur serré quand je dois laisser le petit monstre de drame sur le pallier et lui fermer la porte. Je l’ai laissé passer la nuit dehors et puis je lui ai demandé de rentrer au matin, j’ai dit viens, je prendrai soin de toi. Et ce sera plus fluide, plus harmonieux.

Le drame, je ne l’abandonne pas, je sais juste que ce ne sera plus jamais comme c’était quand il criait incessamment. Je n’accepterai plus d’amour qui crie. Je saurai rassurer le drame. Et je vois que tu sais le rassurer aussi.

Je sais qui peut entrer dans ma maison sur l’eau. Je sais ouvrir et fermer ma porte selon le vent qui porte, bourrasque ou brise. Il portera mon amour et portera ma voix.

Photographie d’Emre Can Acer

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