Journal de Louve #16 La rouille dans les bois
Il y a trois ans et une saison
j’ai rencontré une femme dans les bois qui vivait et écrivait.
Elle m’a dit quand j’ai quitté la maison, je suis rentrée chez moi.
J’ai trouvé l’harmonie quand j’ai su souhaiter que certaines choses arrivent tout en acceptant qu’elles puissent aussi ne pas se présenter.
Cette sensation s’est révélée à moi ce matin.
Une petite flamme au fond de mon ventre, confiante de brûler.
Consciente que quoi qu’il arrivera ou n’arrivera pas, elle pourra danser sous ma peau.
Et puis il y a eu toi. Pour défier la flamme. Et en prendre soin.
Et puis il y a la rouille. Celle qui parcourt mes os laissés dans la forêt avec tous mes cadavres et mes incertitudes.
Tu peins sur les images que tu as dans la tête, et moi ce qu’elles m’évoquent peut être ailleurs et loin. Tu peins sur la rouille et les os et j’aimerais si fort sentir et revêtir ce que ça parle en toi.
Parfois je ne te connais pas.
Je pense à cette femme dans la forêt qui écrivait seule mais vivait accompagnée, dans une maison en bois, peut-être un arbre creux.
Je pense à ma flamme que tu embrases quand tu m’embrasses mais aussi à la protéger parfois. Tu sais le faire aussi.
Je le sais déjà mais les animaux qui m’accompagnent doivent apprendre à faire confiance. C’est un nouvel écosystème qui grandit dans mon souffle.
Je pense aux jours où je visiterai les yeux fermés les forêts sans craindre les doutes et les dépouilles. Quand tu seras là.
Et moi aussi, tu l’as dis, je veux être la.
C’est cette chose qui arrive à la fin, quand la crainte me possède, que je prends ta main et que je décide de continuer à marcher avec toi, sans voir.
Où que soit la rouille, même s’il y a des flaques et même si j’ai peur d’y mettre les pieds, je veux apprendre à danser en ta présence.