Les chroniques,  Rituels littéraires

Corpus #2 Mes couleurs littéraires : BLEU

Vous me connaissez maintenant, et vous connaissez mon attrait pour le bleu. Ma liberté créative s’habille de bleu, tout comme mon authenticité et tous mes propres songes qui émergent doucement à la surface du réel.

Je vous propose aujourd’hui quelques œuvres littéraires bleues, des rencontres somme toute personnelles.

Si vous souhaitez comprendre la symbolique du bleu dans mon univers artistique avant de lire cet article, je vous propose de consulter la page de l’Ours bleu.

Bleuets

Une passion commune pour le bleu

Le livre Bleuets de Maggie Nelson est de toutes, l’œuvre à laquelle mon cœur va le plus droit. La passion obsessionnelle de l’autrice pour ce bleu n’a pas pu être lue sans réveiller les souvenirs de la mienne. Des fragments poétiques numérotés de 1 à 240 vont morceler la couleur pour l’incarner dans une vie quotidienne à la fois trop morne est bien trop accrue. C’est une exploration mue par le désir de posséder le bleu mêlée à la recherche d’une absence d’insipide, d’une absence de douleur. Une recherche en négatif, le souhait d’autre chose de flou, auquel la possession du bleu semblerait répondre ou non.

Informations « 34. Acyanoblepsie : absence de perception de la couleur bleue« , citations commentées, philosophie poétique « 35. Le monde a-t-il l’air plus bleu avec des yeux bleus ? », autoécriture de la rupture et discours à l’amant en comparant les passions de l’amour et du bleu, les bribes se suivent et se répondent dans un désespoir complexe de l’existence, pour dessiner le portrait cohérent d’une célébration de la couleur.

220. Imagine que quelqu’un te dise: « Il y a de la joie dans le seul fait d’exister ». Maintenant, imagine toi croire à cette phrase.
221. Non, oublie ça : imagine plutôt éprouver, ne serait-ce qu’un instant, que c’est vrai.

Un livre poétique passionnel.

Carnet de Bleus

Carnet de Bleus, c’est ma petite pépite dénichée au hasard, en flânant en centre ville de La Rochelle, l’hiver dernier. Cherchant un article à 10€ maximum pour un jeu de Père-Noël surprise, je tombe, lors de ma visite à l’Atelier Bletterie sur cette publication de Claire Delbard, illustrée par l’artiste Alexia Atmouni. Il rentre dans mon budget. C’est le titre qui m’accroche. En feuilletant, je trouve un éventail de délicatesse poétique.

Un petit bijou littéraire qu’on s’offre comme un bonbon. Pour un cadeau ou pour un petit instant de bonheur dans son canapé. A placer ensuite dans une jolie vitrine pour se rappeler l’intérieur chaque jour en revoyant la couverture.

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres

La liberté passe-t-elle nécessairement par la violence ? Voici la question que je me pose après ma lecture de ce roman graphique d’Emil Ferrys

C’est une initiation fantastique débridée qui bouscule dans sa capacité à saisir les personnages humains, dans ce qu’ils ont de vrai et de plus monstrueux. L’hybridité entre humain et monstre se retrouve dans la forme où dessins et textes tout au stylo empiètent chacun sur la partie de l’autre. Le texte devient image et l’image texte, tout comme les humains deviennent monstres, ou les animaux deviennent humains. Le texte est éminemment littéraire dans son parlé du quotidien, le visuel revêt sur certaines pages coloriées un caractère noble.

Le personnage principal indéterminé sonde la banale atrocité qui l’entoure, sa naïveté joue en constate avec la perversion ambiance. Il en saisit des bribes incohérentes, petits bouts de réels avec lesquels il façonne sa perception du monde. Emil Ferrys partage avec Maggie Nelson (autrice de Bleuets) cette capacité à interroger la vie sans but, dans une observation chaotique. Un bleu bordélique et outrancier qui saisit, d’une brutalité parfaite, les travers intérieurs des âmes.

Manières d’être vivant

C’est à la librairie itinérante Le serpents d’étoiles que je choisis ce livre à la couverture écho. Des loups, ours, poissons, cerfs, insectes et oiseaux dont les contours sont imprimés en noir, mêlés à la végétation imprimée en blanc. Tout cela posé sur du bleu. Me reviennent alors les pensées liées à ma collection artistique Prédation, nourrie de recherches philosophiques, notamment sur le sujet de la cohabitation entre les humains et les autres espèces : L’environnement n’est pas autour de nous, nous sommes l’environnement. Toutes les espèces s’y mêlent sur ce fond bleu liberté.

Baptiste Morizot y dépeint par des exemples signifiants la crise de notre relation à l’ensemble du vivant. Il y déplore l’appauvrissement de ce vivant ainsi que celui de notre sensibilité. Notre pluralité est ce qui doit précieusement être conservé. Notre part de responsabilité pourra se concrétiser dans notre capacité à réapprendre à voir. « Il s’agit de faire des mille formes de l’animalité et des mille relations à elle, au niveau culturel et politique, un sujet pour adultes. » L’auteur nous expose l’art des variantes vivantes et nous montre comment former une bande qu’importe l’espèce et également concrétiser cela dans une politique des interdépendances en passant de l’autre côté de la nuit. Un programme inspirant !

Animal

La claque bleue de la dernière publication des éditions de La relève et la peste.

Un manifeste collectif documenté et chiffré, qui expose sans conteste la nécessité de revoir notre relation aux autres espèces. Alter ego de propos du livre de Baptiste Morizot, peut-être, mais au traînement pragmatique, moins théorique qui laisse la place au constat d’alerte. Les faits indéniables sont listés page après page dénonçant l’élevage, la chasse, le trafic d’espèces sauvages. Un plaidoyer illustré de photographies réalistes, tout en militantisme.

La couverture enchantée de l’illustratrice Ewa Lambrechts mérite d’être encadrée !

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