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Notes d’excursion : quatre jours de listes et de poèmes
1 Aujourd’hui, je démarre une petite excursion dans le coin de Bordeaux jusqu’à dimanche.J’ai un entretien à 14h.Je ne suis jamais partie très loin, ni très longtemps. Partir seule, quatre jours à Bordeaux, c’est pour moi, mine de rien, une petite aventure.J’ai marché au delà de mes frontières avec mes Santiags. Grâce à mon amoureux, mon cerveau à appris à chanter des chansons plutôt qu’à rencontrer des pensées qui s’agrippent. Le soir, dans mon lit, je disais J’ai la trouille. J’ai la trouille. Et je sentais que ça figeait mon corps comme les statues dans les musées.Je ne sais pas si les statues ont la trouille, mais je leur conseillerai…
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Des histoires de vrai – Dormir chez l’habitant, Face B : Le matin
Après une insomnie persistante, je m’extirpe difficilement des draps en pagaille. Difficile d’accepter au réveil tous ces objets, éventails, vases, pandas en céramique, verres à pieds, buffets en bois qui ne m’évoquent que l’inconnu. Tout ce qui m’est familier sont mes propres affaires et tiennent dans une valise. Je me demande qui a pu dormir par le passé dans cette chambre. Rien de concret ne me vient. Je pose des questions ouvertes sans imaginer de réponse. Quel travail a bien pu faire la vielle dame qui m’accueille ? Lorsque je lui ai brièvement parlé de mon entretien la veille, elle m’a répondu : quand on trouve un travail qui nous…
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Mes trois albums jeunesse du moment !
Je me fais un grand plaisir et un certain amusement de vous présenter les trois albums que je me suis offerts récemment. La littérature accessible à la jeunesse peut nous procurer également de tendres émotions et de jolis moments. Quel personnalité dans ces trois livres ! Tendresse, confort et humour se sont glissés au fil de leurs pages. Je vous en parle … Chiens – Emilie Chazerand et Naomi Wilkinson Quel humour et quel coup de frais que de mettre le museau dans ce documentaire ! Ce livre à la couverture rigide et texturée rose recense quatre-vingt-cinq espèces de chiens. Contenant également une page Déclaration universelle des droits des animaux…
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Des histoires de vrai – Dormir chez l’habitant, Face A : Le soir
Le portillon de la villa Violette s’ouvre sur un jardin saturé de plantes en pots et de jardinières. Je me fraye un chemin derrière mon hôtesse qui me conduit jusqu’en haut d’un long escalier en colimasson. Les pas de mes bottes martèlent les marches en bois. « Après vous ». Je pose ma valise sur le lit. Elle me quitte après m’avoir présenté l’étage privatif et donné rendez-vous pour le petit déjeuner à huit heures le lendemain matin. Je souris en réponse à son anecdote à propos de ses confitures qui doivent être délicieuses, étant donné que des petits malins s’amusent parfois à les chiper dans le buffet pendant qu’elle a le…
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Des histoires de vrai – Les gens touchants qui viennent chanter dans les karaokés
C’est le soir. Toujours. Comme eux, j’imagine, je m’apprête pour sortir. Ce qu’il faut d’élégant. Ce qu’il faut d’amusant. Et surtout des paillettes. S’habiller pour la fête, c’est en faire un peut trop. C’est long au début. A chaque fois. Difficile de commencer. Devant le projecteur, j’annonce que les participants peuvent remplir des coupons pour m’indiquer ce qu’ils voudraient chanter. Il est vingt-et-une heure. Les femmes et les hommes plaisantent et passent leur commande. Je salue poliment, pour qu’ils se sentent à l’aise, rejoins les conversations brèves qu’on veut bien partager. Il y en a qui feignent la réserve et qui y croient vraiment, en disant je n’ose pas. Cela…
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Journal artistique de Louve #3 Les choses en ordre
Entre la fugitive et la paisible reine.J’ai des souvenirs diffus. Et j’ai le ventre en paix. Ranger c’est éphémère, presque une réparation qui soulage quelques temps. J’ai le jazz à l’envers, les kaléïdoscopes qui filent au fond des yeux. Tant à donner, à penser et à perdre. Je découvre un peu comment trouver la norme sans la lassitude. Je détache de mon corps les fragments de peurs mortes qui me collent aux paupières, à la bouche, et le long de mes jambes.Je n’ai plus l’envie sourde de retourner la terre, plutôt celle de de remercier les oiseaux qui chantent sur chacune de mes mains. Avant de s’envoler. Demain tous les…
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Corpus #4 Les livres qui font peur ! [littérature adulte et jeunesse]
Moi ce que j’aime, c’est les monstres – Emil Ferris Les créatures hybrides C’est la peau bleu, ce sont les dents. Une petite fille ou un monstre, on ne sait pas, qui vit dans un environnement lugubre et menaçant. Le visuel et le texte étroitement corrélés nous présentent le charme inconfortable de la difformité, le frisson des endroits louches, et l’émotion d’une aventure du quotidien. Tantôt sordide, tantôt hostile, mais aussi fortement poétique, ce livre est saisissant mais aussi à déconseiller en cas de sensibilité aux sujet d’agression et de violences sexuelles. Souliers rouges, petit pois, etc. – Gabriel Hernandez La peur de l’insaisissable Comme une pièce de théâtre qui…
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Je cherche un travail qui …
[longue introduction] J’ai eu très longtemps comme objectif de vivre de mon art. Plus qu’un objectif, j’en faisais même une quête personnelle qui me définissait et qui était pour moi prioritaire par rapport à toutes mes autres envies.Ces dernières années, mes expériences dans le milieu artistique on fait émerger un certain nombres de conclusions qui m’ont permis de remettre en question cet objectif, si important pour moi par le passé. Malgré ma progression dans ce milieu, une certaine reconnaissance et légitimité qui peut m’être conférée par des personnes appréciant ma démarche et mon travail, ce qui guide le processus artistique lorsqu’il fait partie d’une activité professionnelle c’est … (suspense) l’argent.Je…
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Journal artistique de Louve #2 – La peur elle-même fait naître les monstres et l’infini
Comme chaque évènement ces derniers temps, fait alterner en moi les vagues tremblantes et les échos de peur, je m’enfouis dans les œuvres, dans les discours des autres pour trouver une âme sœur artistique à mes angoisses vivantes.Toujours envie de célébrer et plus que de saisir le sens, d’y participer. Puisqu’il se révèle, parfois inattendu, dans des pratiques communes. En faisant seulement discrètement jaillir l’intérieur, vers l’extérieur, ou en faisant se toucher deux morceaux d’âme enfouis. On écrit souvent pour se rassurer. Verbaliser saisit. On modèle une forme. On révèle le latent, l’endormi, le quelque part un peu flou, trop caché dans un coin. On écrit pour soi même, pour…
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Des histoires de vrai – Idées pour une légèreté authentique
Après mon interview avec Yann Leperff pour la chaîne Entre nous Cultures, le journaliste éteint sa caméra et me dit en off : « Vous êtes originale. » Il sourit, c’est une remarque extrêmement bienveillante. Devant mon air songeur, il ajoute « c’est un compliment, à mon sens ». Je n’en doutais pas. Sa remarque cependant me met en doute, mes choix de vie relèvent-ils d’un caractère original, ou sont-ils seulement guidés par l’authentique ? C’est la partie de ma réflexion que je lui livre : « Nous avons tous et toutes des originalités, c’est peut-être seulement que j’ai choisi de les montrer. » J’ai regardé depuis la définition du mot original. La première est celle-ci…