Journal de Louve 2024

Journal de Louve #48 Vague à l’autre

Je suis du soir plus que du matin. Longtemps mes rêves distillent leur substance floue, brouillent ma clairvoyance. Je me sens une autre, par vagues, une créature qui se réveille sans savoir qui elle est, ni ce qu’elle a fait dans cet autre monde.

Les tasses s’entrechoquent. Les odeurs m’imprègnent. Deux doses. Café moulu. Je retourne en chaussettes jusqu’à la chambre. Me sers dans la penderie, cherche à quoi ressembler.

La nuit je dois être barbare ou assassine. Quand le jour commence, mon lit révèle toujours des souvenirs de brutalité. C’est mon secret.

Je voudrais trouver refuge dans le bruit des autres. Atténuer mes vagues, n’avoir qu’à écouter.

La douceur, je me glisse dans ses pas, est-ce pour payer la dette des méfaits d’un endroit qui commence à s’effondrer après l’avoir quitté et s’érige dans un trou lorsque je chute en sommeil. Les endroits peut-être ne naissent et ne s’écroulent que parce que nous sommes dedans ou en sortons.

Je perçois les instants qui défilent, les lieux que le passé engloutit pas à pas et je marche devant. J’y pense et puis j’oublie. C’est la vie.

J’enfile mes bottes, à trois j’arrive. Le matin est rarement d’abord moment de joie. Il faut souvent attendre. Mais ce qui déjà laisse s’échapper les rêves marécageux, c’est de savoir que dans très peu de temps, elle sera au rendez-vous.

J’installe des pantins et fantômes partout dans ma maison. Je fais place nette pour eux. Pour éviter le flétrissement de l’âme, je préfère laisser mes vagues rouler et m’accrocher.

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