Journal artistique de Louve #7 Cette promesse qui m’a glissé des mains
Ma promesse s’est effilochée, c’était sans bruit, c’était l’été.
Je tente de rattraper le bout avant qu’elle ne touche terre. Tu me diras.
Quand je l’ai obtenu, je me suis promis de faire de mon travail une activité plaisante au quotidien. Face aux difficultés, dans le refus catégorique d’accepter de me tromper, dans la condescendance des autres, et mon refus de frustration, ma promesse a glissé, je l’ai remise en cause.
Je sais où je me suis trompée : je pensais facilement toujours avoir raison.
J’apprends. Qu’est-ce que j’apprends !
Qu’écouter c’est être plus ouvert que je ne l’ai été, que certaines de mes compétences ne me donnent pas davantage de valeur, que mon enthousiasme ne fait pas de ma vie une vie plus intéressante que celle des autres.
J’ai vu sous mes yeux danser et me narguer ma partie narcissique, égocentrique et orgueilleuse.
J’apprends à demander pardon.
J’apprends à tenir le morceau de fil qui m’a presque entièrement glissé des mains, à me tenir debout, dire qu’en effet je n’ai pas tout réussi. Sans négocier, accueillir la décision des autres. Je voudrais être à la hauteur.
J’ai trouvé où je suis bien.
J’ai détourné mon attention de ma promesse, pour compter, devenir indispensable, particulière. Pas besoin de le faire exprès. Pas besoin de compter les regards.
Chaque être a de la valeur, pas besoin de l’afficher, juste d’être. J’aimerais tant retrouver les regards qui comptent s’ils acceptent en eux-mêmes de me refaire confiance.
J’ai peur qu’il soit trop tard, que mes erreurs n’aient causé des dégâts, de gros trous sous la terre qui pourraient m’avaler pour je ne sais combien de temps.
Je veux patience, espoir, constance, humilité. Je refais mon équipe. Quelle que soit la douleur à traverser, s’il m’en reste ou si la fin est heureuse et proche. Je veux encore m’appliquer à devenir une personne que j’aime et qui aime.
Je reformule ma promesse. C’est une célébration magique. Je veux rester avec elle, prendre soin. Occuper ma place sans déplacer des montagnes.
Les montagnes sont très bien où elles sont. Il suffit de les gravir et de les contempler.