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Le repaire de glace – Chapitre #3
Chapitre 3 – Engourdie J’arrive d’un bon pas devant le café Franck, clé en main, ouvre la porte. — Bonjour Livia, entonne-t-il, tu es là tôt ! — Je voulais travailler au calme avant l’arrivée des clients. Je pose ma sacoche sur un canapé. — Tu sais, tu peux prendre mon bureau, si tu veux ! Tu serais plus tranquille. Je commence à déballer mes affaires. — Je préfère travailler dans le café, qui plus est maintenant qu’il est si bien décoré ! — Tu fais comme tu le sens. Franck, toujours en manteau et ses clés à la main avance derrière le comptoir et tapote sur la caisse enregistreuse.…
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Le repaire de glace – Chapitre #2
Chapitre 2 – Un bruit de verre Installée dans un fauteuil qui grince légèrement à chacun de mes mouvements, je cherche une position confortable pour m’enfoncer dans le coussin moelleux, un livre à la main. Il a fait un bruit de verre en elle, c’était vrai. Elle en a marre des ils qui ne tiennent pas debout tout seuls. Je contiens un rire. Je glisse l’emballage d’un sachet de thé entre les pages et pose le recueil sur le bord de la table. Le couverture est striée de bleu après que j’ai posé le livre sur une étagère nouvellement peinte. Mon regard se porte sur les propositions du tableau à…
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Le repaire de glace – Chapitre #1
Chapitre 1 – Un peu plus près des étoiles Je referme mon carnet et fait claquer mon stylo sur le comptoir. Un grésillement retentit et une musique jazz sort des enceintes. Léo s’avance, ses talons résonnent sur le plancher du bar. – Tout est prêt, Liv ? – Oui, je murmure en regardant en direction de la porte. Je ne t’ai pas vu entrer. Il éclate de rire, s’avance pour me saluer. Sa jeune barbe effleure chacune de mes joues. Il monte l’estrade derrière le comptoir. – Un café ? – Allongé, s’il te plaît. La machine vrombit, j’attrape machinalement un prospectus sur le haut de la pile posée sur…
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Journal de Louve #64 Reigner c’est prendre soin
Tu dorsSans aucune politesseTu me refuses tes bras. ConfuseJe murmure Tu ne m’aimeras plus, le jour où j’aurais tout casséde n’avoir pasdit à temps. mais je ne sais pas quoi dire.Douter est un piège.Avoir tord est une faute dont il fautse rependre. Hésitantejusqu’au levé du jourlaissant mes cheveux perlerde la douche aux drapspropres et froissés J’ai dérangé tes yeuxTu accuses ma colèrequi cherche une occasionet enfin l’a trouvée J’ai peur de toi voleurqui prendrait mon amourjusqu’à la dernière goutte et je t’ai dit pardonje me suis emmêléetrop fatiguée pour lire entre les lignes. Je dis pardon pour la colère et pour le drame. Avant que ma vie soit entièrement geléeon…
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Journal de Louve #63 Et les poignets scellés
J’ai déversé sur toi tonitruantes promesses, que tu n’as pas demandées. J’ai couru les jours, pour dépasser le temps et gagner ta présence, encore davantage. Sans plus pouvoir m’en passer sans crainte. J’ai scellé mes poignets à ton cœur, et puis j’ai pris vertige devant un marécage dans lequel j’avais pieds. Je t’ai donné mon esprit et mes jouets, tu ne l’avais pas demandé. Et seule je m’ennuyais. Je me suis engagée, fait vœu d’obéissance à ton être érigé. Je t’admire tellement, il est temps d’arrêter. Le soir, après le dernier baiser qui me froisse le souffle, je retourne chez moi, je marche sur la pointe des pieds. J’ai peur…
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Journal de Louve #62 Intermittent du chaos
Tu m’as avoué que j’habitais ta têteà en creuser des galeriesJ’ai du abîmer, quand j’y ai fait la fêtetes quelques recoins d’ennui. Tu as porté plainte, quand tu étais l’ami.Pour ça, pardon.Tu dis, y’a prescription.Tu as porté une bouteille à ta bouche.Tu t’es enfoui.A ta façon. C’est la nuit,dans ton corpsle sursis.Le lendemain on recommence.C’est la vie, c’est immense.C’est l’instant, mais longtempset t’as fait valser mes affaires.T’es en colèreet puis t’es beau.T’es intermittent du chaos. Tu m’as volé avec mes vêtementsdes petits bouts de théorie.Ma peau est arrachée maintenant que tu y as mis les dents.Tu t’en caches mais tu me souris.Tes ongles posés sur les fentes ont fait taire…
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Journal de Louve #61 Réflexion
Non jamais, je ne cesse ma réflexion et si je la veux pour amie, je dois lui laisser la place qui lui revient. Je passe des étendues d’heures dans le nid bien à l’abris derrière mon front à laisser aller cascade ce qui doit se penser. Je le sais, j’ai les cheveux Louve et cette vie qui m’habite. Je ne l’avale jamais tout à fait assez grand. Cette vie n’est pas pour moi, celle où je ne peux rien dire, où j’ai la camisole à la bouche. Je bascule entre les cris d’une furie et le silence des profondeurs de l’eau où plus personne ne vit. Je ne comprends pas…
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Journal de Louve #60 – Enjeux de notre temps
J’ai fait des tours. J’me demande. Quelqu’un quelque part pourrait il t’apaiser ? J’ai garé la voiture, apporté des croissants. Tu manges comme un moineau mais tu grognes, prédateur. Alors je t’installe contre moi, tu m’as beaucoup regardée. Je t’ai serré. On s’est ordonnés ou bien demandés me quitte pas et non, toi me quitte pas. On se l’est dit désormais, on est une meute. Mais quand je te vois, que tu bouges pas. Sous ton front j’imagine à peine une once de ce qui crépite. Et je lis dans ton regard inquiet les horreurs que tu récites. Tu te sens coupable, tu déformes les infos en scénarios du pire.…
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Journal de Louve #59 Arracher les corps
Je me jette, oui, dedans. Parce que je trébuche, parce que je me trompe. Parce que je dois. Je m’enfouis dans les autres. Je m’y perds, après. Il faut que je m’y confonde à peu près, dès les premières rencontres. Il faut, si désespérée, que je halète d’avoir couru si vite, fusionner si fort. Je veux rentrer dans les pensées, dans la poche, dans le corps. Je veux trouver l’autre et qu’il me trouve aussi. Puis à force de dire, à force de vivre, des petits bouts de réel ne s’alignent pas. Il y a des ruptures, des frottements qui accrochent. Et plus on se voit, et plus nos corps…
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Journal de Louve #58 J’ai oublié l’ami
Tu m’avais prévenue. Tu me l’as répété. Ainsi quand je déverse au bord du lit de tout ce qui déborde de moi, que personne d’autre ne voit plus, depuis que mes parents ne sont plus ma berceuse, Tu prends une voix douce et ma main, délicatement, pour me rappeler, une fois qui aidera, parmi toutes les autres, « Je suis allié, je suis renard, je suis ami. » J’ai omis de t’apprivoiser et ainsi je t’abime. Ainsi à m’épancher comme si tu devenais le vase et moi toutes les gouttes qu’il contient, toutes les gouttes de trop. Tu l’as dit. Je suis comme l’eau. Et sans contenant, je ne connais pas de…