Journal de Louve 2024

Journal de Louve #58 J’ai oublié l’ami

Tu m’avais prévenue.

Tu me l’as répété.

Ainsi quand je déverse au bord du lit de tout ce qui déborde de moi, que personne d’autre ne voit plus, depuis que mes parents ne sont plus ma berceuse,

Tu prends une voix douce et ma main, délicatement,

pour me rappeler, une fois qui aidera, parmi toutes les autres,

« Je suis allié, je suis renard, je suis ami. »

J’ai omis de t’apprivoiser et ainsi je t’abime. Ainsi à m’épancher comme si tu devenais le vase et moi toutes les gouttes qu’il contient, toutes les gouttes de trop.

Tu l’as dit.

Je suis comme l’eau.

Et sans contenant, je ne connais pas de forme, je ne connais pas d’arrêt.

Je vais partout, je ruisselle et je m’infiltre. Je manque d’unité parfois.

Toi, tu me l’as donnée. Et merci.

Mais parmi tout ce que nous avons à être, j’ai oublié l’ami.

Je ne m’adresse qu’à toi, les autres je les raconte. A trop ériger notre lien plus qu’à le tisser, à tant me laisser être la passion sans la repriser sur mesure, c’est nature carnivore qui revient aux babines. Je me laisse sauvage, écouler furieuse, mes états brutaux, tu étais sur le passage. Je n’ai pas fait attention, je n’ai pas pris soin de te mettre en lieu sûr. Je me disais sans doute que tu devais tout connaître de moi. Mais tout c’est ce qui détruit aussi. Tu peux le connaître parce que le deviner sans avoir à subir.

Tu m’as révélé,

en savoir asser,

pour me vouer ton amour sans peur de te tromper.

Je dois me souvenir, pour ne plus fissurer. Tu es ami, renard, et cela signifie que je te nourrirai de tendresse. Que mes états m’emportent, cela importe peu, il me vaudra mieux loin et revenir plus douce. Je longerai la rive avec un panier. Et lorsque je serai de nouveau prête, je t’offrirai de quoi rassasier d’affection nos appétits mutuels.

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