Journal de Louve 2023

Journal de Louve #35 Sorcière du printemps

Le printemps m’ensorcèle. Mon premier papillon. La magie m’appelle en me parcourant, les poils se hérissent sur mes bras. Je sors.

Je prends comme des signes les fissures sur les murs, mon amie par hasard et le toit recouvert de tuiles alignées.

L’herbe est haute, je lève les pieds, mes bottes parcourent. A chaque pas je puise les pensées qui me font respirer.

J’ai la fantaisie et le jeu avec moi. Comme une loutre.

Mes chats s’amusent et puis s’endorment. Je dépose mon visage sur leur flanc fourni, l’odeur de la lessive. L’une, un peu plus tôt, a du s’installer dans la buanderie.

J’évite les ennuis, je sais faire, sans rebrousser chemin. Je compte sur moi, je suis maligne, j’ai mon amie qui marche au même rythme que moi et qui compte rester toujours le temps dont j’ai besoin.

J’installe mon décor, mon contexte, loin de m’emprisonner, me donne un cadre magnifique pour vivre. Je sors des tubes les couleurs, j’ai des mélanges à faire et à éclabousser.

L’ambition qui semblait hier me manquer a gagné du terrain. Je la cherchais partout, c’est le piège, quand on dit partout on ne pense pas en soi, on ne pense pas fabriquer.

Ma puissance elle vit quand j’ai les yeux ouverts et j’ai l’air d’une enfant. J’ai préféré manger une glace sans regarder l’heure et j’ai laissé dans les fourrés mon livre sur bien dans sa peau. Ma peau, merci, elle cicatrise dans ma combi à paillettes avec ma veste en jean, je suis sorcière moderne à parler aux saisons.

J’entretiens l’amitié avec le printemps, et j’oublie, à chaque pas, chaque pensée à prendre trop au sérieux. Mes bottes, je disais, elles me protègent du monde. Alors je peux avancer. Avancer c’est quand on fait ce qui nous donne l’impression de vraiment s’amuser. Croyez-moi, je sais faire.

Matheus Beterlli

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