Les chroniques,  Pêle-mêle

Mes carnets d’inspiration !

Tout d’abord, je souhaite adresser un clin d’œil aux personnes pour qui déchirer des livres ou des magazines est un assassinat. Si cela vous correspond, arrêtez la lecture de cet article car le contenu sera sensible pour vous.

Photographie de Samson Katt

Adepte obsessionnelle de fantaisie du monde, j’apprécie particulièrement de pouvoir la conserver sous différentes formes. Mon dernier cabinet de curiosités se constitue exclusivement de papier et d’encre.

Des piles de magazines jonchent mon salon depuis trois semaines. Une paire de ciseaux bien en évidence sur la table basse me sert à découper après chaque déchirure la bordure des pages choisies. Les tasses à thé ou à chocolat chaud défilent et trônent tour à tour sur les empilements, peu importe l’heure, laissant au hasard parfois, quelques éclaboussures.

Me promenant dans les pages reliées comme je me promènerais dehors, j’ai parfois l’impression de reconnaître, ou je m’arrête instinctivement. Cela, je me dis, doit avoir une place dans un de mes carnets. Et le bruit de la déchirure accompagne celui de la machine à laver au loin. Je classe alors en écartant la pince, puis repose le feuillet sur la pile.

Les feuillets peuvent être parcourus tout en laissant la liberté aux pages de changer de place. Voici les thèmes de différents carnets :

  • Collections musée
  • Le monde mystérieux de l’écrivain.e
  • Le vent dans les falaises
  • Blanc bruit
  • La belle en violet
  • Rêves et folies (liaison obligatoire)
  • Héroïne d’aujourd’hui
  • L’écureuil raconte une histoire

Quand un article ne convient pas à l’un des carnets présents, j’en ajoute. Quitte à réorganiser. Une couverture ou un intercalaire de magazines présente chaque carnet.

Pendant que je feuillette et que je classe, les idées parcourues par mes yeux rejoignent d’autres idées. Je pense à l’oubli que je rejette encore, et aux folies du monde trop absentes. Je me rends compte que j’organise mes carnets comme je voudrais que le monde s’organise.

La menace répressive grandissante de ces temps m’amène à éparpiller les livres reliés. A réorganiser les voix et les images, en leur laissant des places libres. A retapisser mon sol des rencontres que je ne peux pas vivre. Je crois que cette menace sonne opportunité. Qu’elle me renvoie à ce que je veux sauver. Ce qu’il n’appartient qu’à moi de juger comme essentiel ou non dans ma vie : ma fantaisie du monde.

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