Journal de Louve 2023

Journal de Louve #24 Cachée

Je passe ma jambe par la fente de ma robe. Juste pour voir.

On est le soir où l’on peut faire la fête, et si avant je mélangeais le noir avec le rose et les paillettes, s’il ne reste à présent que mes courbes sous le tissus uni, je me demande vraiment ce qu’il advient de moi.

Je chante à demi-voix, je retiens mon corps qui clame de plonger en toi trop vite et sans sécurité. Je ne fais qu’imaginer.

On ne va pas seule au concert habillée comme une fille qui bouffe la vie comme un trésor particulier, il ne me manque plus que de refaire mon piercing au nombril, j’aurais pu l’assumer.

Je suis presque

et fragile.

A la fois une poupée et une créature que je ne me représente pas. Quelque chose qui valse et qui envoie valser. Qui chante pour absorber les éclats de passage.

Je renoue des amitiés, des vielles qui racontent de belles histoires, comme des objets. C’est une chanson qui parle d’amour quand je ne t’aimais pas pareil, un ours sur la commode que j’ai sans doute égaré, depuis …

Je suis éprise de romantisme et de l’idée même d’embrasser. Je dessine d’autres contours, sans prendre de cours, je m’invente un nouveau ventre, quelque chose de profond, de vaste où je ne sais pas nager.

Je rappelle mon miroir, mes reliques, une nouvelle aventure. Je mélange tout dans mon corps pour un cocktail alcalin. Je dis des formules magiques dans ma tête.

Embrasse-moi.

On est bientôt le soir où l’on peut faire la fête. Je me suis toujours cachée derrière ce qu’il n’y a pas de fendu de ma robe, derrière mes cheveux qui poussent si vite au point que je les regarde faire quand parfois je m’ennuie. Derrière mes attentes et l’envie d’être une femme puissante.

Toujours au delà de moi.

Mes appétits se révèlent furieux, quand je ne connais pas et quand je connais trop. Je prends la musique apprise par cœur, je l’aspire par la bouche. Tu poses tes lèvres aussi, au risque de déborder avec moi d’un désir qui nous coulera dessus.

Sans qu’on puisse l’arrêter.

La musique nous enferme dans la passion, le sublime. Je veux que ça dure toujours et j’ai trop de pudeur, j’ai trop de pansements. Je me tais. Je suis incapable de faire le tri.

Je bouscule mes envies mais reste à la fenêtre à y faire de la buée, m’applique à continuer mes boucles, je retourne à moi-même à manquer ma rencontre, à chanter les hirondelles puisqu’on est au printemps. Elles en sont revenues.

Tu me parles des saisons sans dessus dessous quand je les prend dans l’ordre. Je crois que j’ai peur et qu’on ne sait jamais, je crois aussi que j’étouffe, je cours après ton souffle, surtout quand il me donne tout ce que ton corps contient. Je cours aussi après la faille de ma vie, j’oublie parfois qu’elle ne peut pas me rattraper, c’est fini.

J’ai rendez-vous avec toi, j’ai peur de nous manquer. Et la peur prononcée fait qu’elle s’habille actuellement pour me trouver.

Je reste cachée.

Attrappe-moi malgré ma peur et pousse-moi dans le saturé du monde.

Embrasse-moi et sors moi en entier de ma robe. Brise mes miroirs, conte de belles histoires quand il fait noir et pose mon cul sur la commode. Envoie valser la pudeur, récite avec moi les formules magiques pour faire naître dans nos ventre de nombreuses fêtes puissantes, sublimes, déborde avec moi, aspirons les éclats, courrons malgré les failles jusqu’à épuiser nos souffles, donnons-nous tout de la vie, pour toujours.

Cottombro studio

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