Journal de Louve 2025

Journal de Louve #82 Le ciel pleure pour moi

Le ciel pleure pour moi
et juin m’a mordu fort
jusqu’aux doutes.

Je me souviens, un instant,
tenant la languette
de ma chaussure, dans l’herbe
d’un buffet qui n’était même pas le mien
que j’ai éventré pour prendre les tiroirs.

J’ai l’épiderme épris
poreux
à l’extérieur, à la vie
sans pouvoir tout absorber

Elle me parle sans que j’écoute
une petite fille robe rayée, pousse un landau, un vrai
Y’a-t-il quelqu’un dedans
j’ai l’épiderme hermétique
qui crisse sous les bruyants
et le malaise aux lèvres
la poussière sous les ongles.

Je tente de m’accrocher
à un brin d’herbe, une harpe patiente.

Le corps collant sali par la sueur
de mes gestes gâchés.
Et les tempes tirées tant elles ont crié vain
Tant elles ont crié nues,
sans s’en apercevoir

Ca a duré la nuit, où j’étais dans tes bras
j’ai préféré me cacher sous mes violences
comme sous un vieux tapis
Je me suis entière
vouée à ton torse battant
je demeure en lacunes

mêmes fredonnées,
ce sont bien
des manques qui me composent.

Mes gestes se souviennent
d’avoir crié
et puis,
d’avoir pris les tiroirs
coupable de n’être pas vue
autant que de devoir répondre,
lorsqu’on pose une question.

Je trouve comment me nicher,
percer un trou pour m’extraire
ne plus boire le rythme, le bruit,
mes tempes et le tapis.

Je m’agrippe, m’électrise
la frontière de mon corps et de la plaine
se trouble
mes tempes crient et je fredonne
tenant ma chaussure.

Photographie : Andrew sur Pexels

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