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Journal de Louve #69 – Sous tes jambes
Tu as prismes bras nussous tes jambespour baiser jusqu’à l’aube. Ne prends pas trop vitema bouchequand tu me touches Laisse moi d’abord te dévalerde mes lèvres. Garde prompt ton désir,savourons chaque bouchéemon ventre sur ton frontma main dans tes cheveux longset plonge à l’intérieur de moi. Photographie Cottombro Studio sur Pexels
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Journal de Louve #68bis – Grandir
J’ai mis toute seule mon pyjama. Je tisse. L’ampoule à nu diffuse ses courts-circuits. Tantôt l’aveuglement. Tantôt ça m’éblouit. Mes souliers au pied du lit, sont abîmés depuis longtemps. Je lis des livres plus compliqués maintenant. Pourtant, je devrais renoncer aux couleurs sales,et quand je fais des machines – moins souvent qu’il faudrait –jeter ce qui bouloche et les vêtements ternis,sans appeler Maman. Je tisse et me fais du soucis. Pourtant,j’avais appris depuis le temps à faire du cheval au galop,j’avais rangé ma chambre. Je tisse. Je tisse une grande étoffe et des étoiles dessus. Pour que l’on prenne chacun un bout qu’on ne lâchera jamais. Ton rire me parvient…
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Mes créations
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Journal de Louve #68 Tes soucis
J’avais déjà écrit, j’avais écrit minuit.Il est minuit moins toi, je n’y échappe pas.Je t’admire et te museQuand tu manques à l’instantComme un silence amerJe déglutis péniblement, le reste m’indiffère. Tu es seul à présent.Je t’ai trouvé soucieux. Vas vite mieux. Parfois ta peau m’effraie, tant je la veux de près.Mes instincts les plus forts, nous fragilisent encore.Je te froisse, je t’érafle. Quand je remue trop prèsComme du papier de verreEt je continue malgré tout, la peur dans les viscères. Tu es seul à présent, à décompter la nuit.Moi je cherche ce que je peux faire, j’ai le vertige de tes soucis. Parfois tes doutes me frappent, je veux les…
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Florilège d’évidence
L’aurore d’une œuvre se lève, comme un présage. On ouvre les paupières. Il y a collusion. L’évidence. C’est la rencontre, celle qui percute dans le mélange de notre souffle et d’une source de beauté. Notre corps comprimé par un élan d’exploration et un trop plein de joie devient une boule à neige, réceptacle de flocons qui jubilent. Quoi de plus subversif dans le fait qu’une œuvre existe et projette en nous une tempête de bonheur dévalant notre peau devenue prairie. L’air est frai. Le monde entier est plus respirable et notre cœur s’emballe. On tombe amoureux de la vie, à vouloir plonger plus profond dans la mélodie, dans l’épaisse couche…
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Les morceaux qui restent
Que reste-t-il d’un moment vécu ? Un souvenir est il un moment abimé, un instant vidé de son essence ? L’absence de présent sonne en moi comme un manque. J’aspire à célébrer, honorer ces morceaux de mémoire, qui m’ont construite, mais je ne sais. Etre quelque part, seulement ce qui reste, constituée, de ces morceaux cassés. Je me sens un être fabriquée de débris. Eparses. Des parties perdues. Il manque. Je reste. Façonnée des éclats figés, emmurés. Que faire de nos souvenirs ? Des chutes, voix brisées, des écrits, des éclats, des débris pour dire l’avant, le vide, laissé où tout a disparu. Une tentative de réanimer des échos concentrés,…
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Les mouvements du bruit
Recueil de poèmes Ce livre accordéon mêle photographies et phrases poétiques pour dire le temps quand le moment est passé. La situation d’énonciation est celle du personnage de mon roman Ta vie est silence, qui, après les évènements du livre, parle de son vécu quelques mois après. C’est un regard du plus tard sur un moment passé, un moment que l’on a tenu à pleine mains et qui s’étiole, s’échappe de notre mémoire. Premier de la série Les mouvements du bruits, ce livre interroge la fonction des souvenirs et évoque les possibles. La promesse si elle n’a pas été tenue a-t-elle pour autant été trahie ? La rupture se panse-t-elle,…
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Journal de Louve #67 Sur les flancs
Il fait sombre par vagues. Il fait trembler. Les filets postés tout autour de moi. Rude ne s’excuse pas. Son amour est ses dires, et lorsque l’on regarde, on voit. Ses mains tournent à l’envers et son visage ne plisse que le contraire. Prestidigitateur ou affamé, Rude avance sur les flancs, veut dévorer, voler l’approbation. Par ruse si nécessaire. Lorsqu’on dit non, il acquiesce. Il reviendra plus tard, il s’en fait la promesse. S’y prenant autrement pour obtenir quand même. Passant sous vigilance. Ce qu’il veut est son du, il trouvera un oui en fouillant nos entrailles, ou l’obtiendra lors d’un bruissement où l’on ne regarde pas. Il se sert…
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Journal de Louve #66 Quel est ce monde ?
Je sors de la voiture. Membres imprégnés. Claque la portière. Saisis la pompe. Remplis. J’ai la main sur la bouche. Je regarde devant moi le courant d’air palpiter dans mon cou. J’ai le cri strident de la horde entière des horreurs de ma vie se livrer bataille. Ca ressemble à ça le monde dedans. Je suis une boule à neige. Mais dehors, quel est ce monde ? Je sais, le démon m’a envahie à l’aube, mais si je l’abrite aujourd’hui, ce n’est plus son un pont. Je prends soin de lui comme on n’a jamais pris soin de moi lorsque j’étais enfant. Il reçoit des caresses lorsqu’il a besoin d’hurler…
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Journal de Louve #65 En réalité
Mon corps gelé parfois deviendra corps mouvement. Je tends à mon réveil à regarder le givre. Mes articulations au fur et à mesure doucement réapprennent à danser. La chaleur vient de mon intérieur. Je suis devenue amie avec le monstre. Désormais tout sera pacifié. J’habite ma banquise, lorsque je suis un ours. Je t’aime à chaque saison. Et nous serons un lac, une fête, une maison sens dessus dessous. Je rêve de toi. En réalité, il convient dire les choses comme elles nous imprègnent :