Journal de Louve 2023

Journal de Louve #22 Je me réfugie sous ton manteau

J’ai parfois l’impression que tu m’as trouvée dans une petite boîte, que j’étais minuscule et que tu as ouvert délicatement le couvercle.

Tu as pris des gants, tu as pris soin. Tu m’as emportée avec toi parfois, et nous avons voulu prolonger la balade.

J’ai l’impression que j’ai dans les mains une puissance que je ne mesure pas, je n’en ai pas fait le tour, j’ai peur de visiter mon propre potentiel.

Aujourd’hui mes cheveux sont plus longs qu’ils ne l’ont jamais été, l’ombre passe sur ma peau et parfois elle m’éclabousse, mais quand je me mets à danser sur les lacs gelés, je perçois des reflets. Et je suis une lueur, quand je brille, toi, est-ce que tu fermes les yeux ?

La vérité c’est que je n’étais pas dans une boîte toute la journée, que je sortais le soir. J’avais vu des rochers à qui je me confiais, je savais dévaler ce que mes pieds trouvaient, je courais bien plus vite. Et je savais me taire et reprendre mon souffle. Ecouter.

J’ai tendance à m’éteindre. Je suis par moments une luciole qui se perd, qui se demande quoi éclairer encore lorsqu’il n’y a plus personne. Je n’ai pas pensé que j’étais là aussi.

Je me raconte l’histoire, pas souvent, c’est vrai. Que je suis une chasseuse et un loup à la fois. Tu ne m’appelles plus comme ça.

C’est le risque d’apprivoiser. Je te bouffe trop des yeux, pas que. Je nous dévore au risque qu’il ne reste rien. Je ne sais plus quand je suis amoureuse, attachée ou docile.

Un loup ne se domestique pas, ni ne se dompte d’ailleurs.

Quand un hurlement prend mes intestins en otage, que j’ai les crocs de la vie, je tombe sur moi-même et j’en suis surprise. J’avais oublié ma nature et mes sens.

Toi tu vois que je perds, tu vois que je m’effondre, je m’entraîne vers le drame quand je lui parle trop. Et tu me dis j’aime ton indépendance, pendant que je ne trouve qu’à me réfugier sous le feutre de ton manteau noir.

La vérité c’est qu’il me manque de sortir le soir, avec ou sans toi. Que maintenant, j’hésite à chaque pas au dehors par peur d’aller où je ne te retrouve pas. Que j’ignore comment t’aimer en dehors de la boîte, mais que je trouverai bien.

Je t’emmènerai un jour jusqu’aux rochers, je dirai mes secrets, et je saurai me montrer devant toi, courant pieds nus à dévaler les pentes. L’âme nue et immense.

Je saurais me taire pour vivre ce qui n’a pas besoin d’être dit et écouter mon cœur épouser le tien sans que ça ne se voit. Le monde existera ici et partout.

Peut-être pas maintenant, peut-être plus tard, mais un jour, j’aurai appris beaucoup.

Zana

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